PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL
EL PALLARS JUSSÀ
UN MONDE ENTRE L’EAU ET LE FEU
Alors que le voyage semble arriver à ses limites, il nous propose une étape sur un territoire empreint de caractère. Le Pallars Jussà conserve une identité ancestrale éloignée des grandes modes, marquée par le lien de ses habitants avec les éléments de la terre comme l’eau et le feu.
Le voyage
Dans ce bassin fluvial que viennent caresser les premiers contreforts des Pyrénées, la rivière se transforme en aventure vivante avec la descente des radeliers. Des générations d’habitants du Pallars ont travaillé au rythme de ce cours d’eau pour transporter le bois des forêts environnantes. C’est ainsi que nous plongeons dans cette culture millénaire à l’occasion de la Journée des radeliers, qui vit chaque juillet les retrouvailles d’amis et de proches sur les eaux de la Noguera à l’occasion d’une fête qui rend un hommage sincère aux ancêtres. Ce respect pour l’héritage du terroir est également la base de la fête des falles (descente aux flambeaux), à travers laquelle le Jussà maintient l’héritage archaïque du paganisme. Les falles de Notre-Dame de la rive de La Pobla de Segur, qui ont lieu au mois de juin, nous plongent dans l’histoire ancienne des Pyrénées à travers une expérience mystique de feu et d’ombres. Consistant à descendre la montagne de Santa Magdalena sous la chaleur du rituel, cette tradition confirme que nous sommes sur une terre à forte personnalité.
Les incontournables
Journée des radeliers.
Premier week-end de juillet.
Falles (descente aux flambeaux) de Notre-Dame de la rive de La Pobla de Segur.
17 juin.
Le voyage à travers le Patrimoine culturel immatériel du Pallars Jussà nous propose également une promenade plus paisible. C’est ce qu’on découvre assis sur les places en discutant avec un habitant local dans un dialecte qui nous semblait légendaire et que nous découvrons bien vivant. Il restera toujours dans notre mémoire un potxó (version locale de « bisou ») pour le Jussà. Dans cette langue que l’on redécouvre, les plus anciens nous dévoilent des histoires léguées de génération en génération comme celle de la Cova del Serpent (Grotte du serpent). On dit que sur le chemin qui mène au Monastère de Sant Pere de les Maleses, il y a une grotte où vivait un énorme serpent qui avalait les personnes et les animaux qui osaient passer par là… Une halte s’impose à chaque porte pour découvrir le meilleur et le plus secret de ce district empreint de magie.
Dialecte du Pallars.
Variante du catalan nord-occidental.
Légende de la Grotte du serpent sur le chemin du Monastère de Sant Pere de les Maleses.
La promenade tranquille à travers le Patrimoine culturel immatériel du Jussà, c’est aussi celle qui nous surprend au chapitre gastronomique. On se laisse séduire par les mets hérités de nos aïeules, les grandes druidesses de ces Pyrénées. Leurs efforts ont permis de conserver des plats à base d’agneau, de coing, de champignons ou de saucisses telles que l’incomparable Girella, qui représentent exactement la saveur du district. À table, le sang de ce terroir ne manque pas : des vins humbles et authentiques que l’on peut découvrir, sous l’appellation d’origine contrôlée Costers del Segre, à la Foire aux vins de Talarn ou au Jazzivi de Figuerola d’Orcau. Heureux de nos retrouvailles dans ces Pyrénées si proches, laissons-nous ensuite entraîner dans la danse pour mieux fraterniser avec les habitants. À l’occasion de la Saint-Antoine et de la Fête patronale, Tremp et Palau de Noguera nous dévoilent leur facette plus joyeuse avec le Bal du Contrapàs (contrepas), qui permet aux paysans de montrer leur reconnaissance pour les récoltes obtenues. Un nouveau lien émotionnel qui fait apparaître l’âme du Jussà. Les habitants du Pallars sont en effet attachés à leur terre et à l’héritage de leurs ancêtres. Tout cela se confirme à travers le respect pour les vieux métiers et l’élevage actuel que nous découvrons à la Foire agricole de la Pobleta de Bellveí et la Journée de commémoration de la Foire de Salàs. Ces foires témoignent de ce monde fait de travail et de constance : vaches de race brune, charolaises, salers et limousines, brebis de la race « xisqueta » et chevaux. Synonyme de conservation du paysage, ce bétail revient passer l’hiver au bercail, ponctuel à son rendez-vous de transhumance. Un aller-retour entre les pâturages d’altitude et le bassin inférieur qui représente un véritable voyage à travers ce Pallars Jussà authentique et ancestral.
Gastronomie : Girella (charcuterie à base d’agneau), mostillo (dessert à base de moût de raisin), tupí (fromage typique), xolís (type de saucisson) et coca de recapte (sorte de tourte locale).
Rendez-vous gastronomiques : Foire aux vins de Talarn début juin.
Foire agricole de la Pobleta de Bellveí, en octobre.
Journée de commémoration de la Foire de Salàs de Pallars, en novembre.
Transhumance vers la plaine. Tout le mois d’octobre et en direction inverse, vers la montagne fin juin.
Bal du Contrapàs de Tremp, le 17 janvier, et de Palau de Noguera, lors de la Fête patronale.